Première partie : les puissances de l'axe
Leur discours est à rapprocher de « l’argent-dette2 », documentaire qui explicite techniquement le fonctionnement vicié du système bancaire et démontre son caractère criminel.
La façon éhontée dont les grandes banques ont, aux yeux de tous, provoqué la crise – via la mise en place de produits financiers toxiques – puis se sont fait renflouer par des centaines de milliards de dollars ou d’euros d’argent publique est révélatrice de quelque chose de très inquiétant. Mais, plus écœurant encore, ce que le film de Michael Moore met en exergue, c’est la dualité du spectacle auquel on assiste après le sauvetage des banques et institutions financières géantes :
D’un côté, les pigeons, le peuple, en général la classe moyenne – dans le film de Michael Moore, américaine – qui, non contents de voir l’argent de leurs impôts utilisé pour maintenir en place un système inique et inhumain, n’ayant profité réellement – et outrageusement – qu’à un petit nombre, font de surcroît les frais de cette crise en perdant tous leurs biens, en tout cas pour ceux qui avaient eu le malheur de souscrire à ces emprunts pipés qu’un honnête conseiller financier de leur banque leur avait fait signer. On assiste alors à leur déchéance, les voyant passer de la classe moyenne à la précarité absolue.
De l’autre côté, les employés « importants » des banques – direction, traders – se reversent des salaires et des primes qui donnent le vertige et ne font strictement rien pour relancer les entreprises mises à mal par la crise.
Je me rappelle le président Sarkozy, faisant pour être élu des promesses de socialiste sur la manière dont il allait aider les pauvres à remonter la pente. Puis, peu de temps après son élection, cet homme qui venait de passer près de quinze ans dans les ministères de l’intérieur et des finances, feignant de découvrir la situation catastrophique de la France, se mit en colère devant un parterre de journalistes qui avaient eu l’outrecuidance de lui parler de ses promesses électorales, et prétendit soudain qu’il ne pouvait rien faire avec des caisses vides. Il lui a suffi d’un claquement de doigts pourtant, au lendemain de la chute des premiers dominos bancaires aux Etats-Unis et en Europe, pour trouver 360 milliards d’euros à injecter dans le système3. Et il s’agissait bien d’argent publique, puisque pour une fois, ce sont les états qui ont « prêté » aux banques. Que ce soit en France, ailleurs en Europe ou aux Etats-Unis, les hommes politiques qui ont pris la décision de renflouer les banques ont déclaré que ces versements étaient conditionnés à une aide que ces institutions financières devraient à leur tour consentir aux entreprises. Seulement ce que l’on apprend en regardant « Capitalism, a love story », c’est qu’aucun contrat stipulant une telle condition n’a été signé, et qu’aucun droit de regard n’a été demandé aux banques ayant reçu cet argent quant à l’usage qu’elles allaient en faire. Il n’est donc guère étonnant que Michael Moore ne soit reçu par aucun dirigeant de ces banques et qu’il se fasse refouler par les sbires de la sécurité aux portes de ces établissements.
Le caractère mafieux de cette organisation4 est de plus en plus apparent pour une portion croissante de la population. Il y a bien sûr ceux qui en font les frais, mais aussi tous ceux qui s’inquiètent, à juste titre, pour l’avenir.
Car il y a de quoi s’inquiéter, si l’on se réfère aux conclusions des travaux de Pierre Hillard, docteur en sciences politiques et écrivain, dont j’ai pu regarder diverses interviews et conférences5. Enfonçant le clou planté par François Asselineau6 et le dépassant hardiment, ce professeur de relations internationales nous confirme de façon indubitable qu’une oligarchie apatride complote, œuvrant en vue de l’avènement d’un gouvernement mondial. Et il dresse l’historique d’une sombre mouvance qui prend ses racines dans l’histoire et que l’on peut retracer, en ce qui concerne l’idéologie, sur plus d’un millénaire, en ce qui concerne l’action actuelle, sur au moins un siècle. Son dernier livre, « la marche irrésistible du nouvel Ordre mondial », recèle les sources et documents que Pierre Hillard utilise pour avancer dans son analyse sans concession du système maitrisé par ces oligarques. Après plusieurs heures de visionnage de quatre de ses interventions, je conclus que Pierre Hillard est bien aussi pessimiste que moi quant à l’avenir qui nous attend. Non point que je me compare à ce grand universitaire dont le savoir provient d’années d’études, de lectures et de recherches personnelles très pointues. Mais mes propres recherches et lectures, quoique que bien moins fournies, m’ont amené exactement aux mêmes conclusions, et ma connaissance de l’être humain au même pessimisme pour la suite des événements.
Bien entendu, j’engage vivement le lecteur à cliquer sur les liens donnés au bas de cet article et à voir ces interviews et conférences par lui-même. Je lui promets des découvertes édifiantes ou, pour ceux qui ont déjà creusé dans cette voie, une mine de précisions qui permettront d’assurer leur jugement.
Outre François Asselineau, j’ai associé les assertions de Pierre Hillard à d’autres interventions que j’ai visionnées récemment, et deux en particulier : celle d’Alexandre Rougier – journaliste qui a publié sur la revue Nexus un article concernant le Codex Alimentarius7 – et celle de Pierre-Henri Gouyon, Directeur du Laboratoire Ecologie Systématique Evolution à l’Université de Paris XI, Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris. J’ai regardé avec intérêt sa conférence « Darwin : la théorie de l'évolution et la génétique humaine »8. La majeure partie de son discours a trait à l’histoire de la biologie et à l’évolution de cette matière jusqu’à nos jours. Bien que cela soit passionnant, c’est le thème final qui attire mon attention dans le contexte de cet exposé : il y parle de l’eugénique et de son émanation politique, le concept d’eugénisme, dont on voit avec Pierre Hillard l’impact dans la sphère du mondialisme. Pierre-Henri Gouyon nous dresse la description, l’historique de ce concept, et ses dérives qui sont loin de ne concerner que la seule Allemagne nazie, que ce soit chronologiquement ou géographiquement. Ce scientifique, qui se différencie de l’immense majorité de ces confrères, termine sa conférence par une mise en garde importante – bien qu’il avoue son pessimisme – quant à l’aveuglement actuel qui pousse la sphère politique à avaliser une course effrénée au progrès qui, au niveau de la génétique, s’avère déjà une promesse de calamités incommensurables à venir. D’une part du point de vue de l’intervention sur le génome humain : nous sommes actuellement en train de pénétrer à la fois dans « Gattaca » et dans « the island »9, la science médicale proposant déjà la création d’enfants-greffons (engendrer un enfant dans le but de fournir à son frère ou à sa sœur malade une possibilité de greffe compatible) et étant apte à proposer un choix parmi des embryons dont les gènes, analysés, permettront de déterminer le plus performant. Et la culture à partir de cellules souches permettra quant à elle de développer des organes de rechange. Il faut regarder cette conférence pour mesurer le danger de la dérive de cette science et des processus gigantesques qui s’opposent à l’éthique dans ce domaine. Il en va de même, d’autre part, pour les manipulations génétiques sur les plantes (OGM) et là, les précisions de Pierre-Henri Gouyon nous démontrent sans conteste l’irrémédiable destruction et transformation du vivant que les immenses sociétés comme Monsanto, Sygenta etc. sont en train de réaliser dans leur course vers le contrôle mondial de l’agro-alimentaire. Il rejoint alors le discours d’Alexandre Rougier qui a enquêté sur le Codex Alimentarius. Ce codex, mis en place au sein de l’ONU et financé par la FAO et l’OMS, émet des normes auxquelles aucun état ne peut échapper, et qui légifère donc sur tout ce qui est alimentaire, depuis la semence jusqu’à l’assiette.
Faisant au départ un livre sur la vigne et le vin, il rencontrait des vignerons afin de réunir la documentation nécessaire à son ouvrage quand il approcha l’un d’entre eux qui avait été collaborateur du ministre de l’agriculture en 1995-96 pour le domaine de l’agriculture biologique. Cet homme intègre lui confia nombre de choses qui avaient choqué son éthique (papier de la commission de Bruxelles révélant un programme d’éradication de l’exploitation agricole familiale, pressions, voire menaces de lobbyistes installés au ministère etc.) et lui parla du Codex Alimentarius. C’est ainsi qu’Alexandre Rougier décida de s’y intéresser. Le résultat de son enquête est édifiant. D’après lui, les industries de l’agro-alimentaire et de la chimie (fabriquant les produits dits phytosanitaires ou les produits pharmaceutiques) sont liées. Certaines sociétés réunissant d’ailleurs les deux (par exemple une même société produisant du sel et fabriquant des médicaments contre l’hypertension). Les règles édictées par le Codex ne sont manifestement pas orientées vers la santé ou la sécurité alimentaire, mais servent bel et bien les seuls intérêts des industries du secteur. Sa conclusion est très troublante : la prise de contrôle des géants de l’agro-alimentaire par le biais – entre autres – du Codex Alimentarius a pour objectif de fournir à la population mondiale une alimentation de mauvaise qualité, polluée par des molécules toxiques, et carencée. Ainsi, deux effets en découlent :
En premier lieu, la santé des individus décroît, le consommateur idéal du point de vue des trusts pharmaceutiques étant un perpétuel malade, mais qui vit assez longtemps pour se faire prescrire le maximum de leurs médicaments (responsables à leur tour de nouvelles fragilités, pathologies etc.).
En second lieu, l’ingestion régulière de molécules neurotoxiques (aspartame, glutamate) entraine une altération des capacités cérébrales des consommateurs (Alexandre Rougier dit de l’aspartame qu’il « rend dingue », qu’il « rend con »), transformés petit à petit en ce que Pierre Hillard nomme « des systèmes digestifs prolongés par un sexe ».
« Les vrais leviers de décision, de pouvoir ne sont plus du tout à la portée des états nationaux » dit ce journaliste en guise de conclusion, précisant que le pouvoir décisionnaire se trouve au-delà, et il désigne alors cette même oligarchie mondialiste dont parle Pierre Hillard et se montre lui aussi pessimiste. Car si George W. Bush utilisait une réthorique manichéenne, se faisant passer pour un fervent défenseur de la morale chrétienne, le concept d'axe du Mal dont il avait qualifié les ennemis fabriqués par son administration va comme un gant à ceux-là mêmes qui pointent alentour un doigt accusateur, c'est-à-dire à ces oligarques, ces puissances de l'ombre, et à leurs exécutants, tous ces gouvernants de par le monde qui soldent les peuples, la terre et le vivant contre les miettes de leur gâteau. Et cet axe, en véritable rouleau compresseur, avance lentement mais sûrement, vers le dessein fixé par ses fondateurs, qui est tout sauf humaniste...
Deuxième partie : Le terreau du Pire
Après avoir mesuré ce pouvoir à l'œuvre, Alexandre Rougier ne peut résolument plus penser à une résistance possible. En tout cas, il n'en dénote aucune qui soit structurée et qui ait une quelconque chance de succès. Il cite toutefois le travail d'Alex Jones, ce journaliste indépendant américain qui n'a de cesse de dénoncer l'oligarchie mondialiste. Je viens de revoir son dernier film : « La déception Obama »10, et je suis surpris de constater à quel point il est en concordance avec le discours de Pierre Hillard, le film de Michael Moore ou les révélations de la revue de presse de Pierre Jovanovic pour ce qui est de l'administration Goldman-Sachsienne d'Obama.
Je dois avouer que j'avais de la méfiance envers Alex Jones après avoir vu son film « endgame »11. Il donnait beaucoup d'informations sur le groupe Bilderberg et le sombre complot ourdi par ses membres. Cette profusion de données, difficilement recoupables à mon niveau, m'ordonnait de douter de ses assertions. J'ai néanmoins gardé un œil ouvert sur cette thèse du complot qui, si elle parait énorme, n'en était pas pour autant impossible.
Alex Jones me fait penser un peu à Michael Moore dans sa façon de faire du journalisme et de tourner un documentaire : ce sont deux personnages extravertis, se mettant en scène et organisant des situations cocasses destinées à corroborer tel ou tel fait. Mais Alex Jones va plus loin dans ce qu'il dénonce et s'agite beaucoup plus que Michael Moore qui est un homme plus posé. C'est peut-être aussi cette agitation qui incite à la méfiance : une personne agitée est plus facilement soupçonnée de déséquilibre mental qu'une personne calme, ce qui est probablement une erreur. Mais il faut dire à la décharge d'Alex Jones que la teneur explosive des faits qu'il dénonce, alliée à la foi qu'il a en la capacité des citoyens de s'unir pour enrayer la mécanique mondialiste, le pousse sans doute à crier pour être mieux entendu. Je me rends compte aujourd'hui qu'Alex Jones était dans le vrai depuis le début. À part en ce qui concerne son espoir de retournement de situation.
Pour ma part, cela fait 30 ans que j'essaie de transmettre des raisonnements et des informations qui vont à l'encontre de la propagande dans laquelle nous baignons. Je tire de cette expérience le même enseignement que Pierre Hillard, et je le formule exactement pareil d'ailleurs : du moment que le frigo est plein et que la télé n'est pas en panne, le citoyen moyen ne s'inquiète de rien. En effet, l'immense majorité de nos concitoyens est représentée à merveille par les deux petits cochons joueurs que j'ai décrits dans « le symbolisme des contes12 ». On pourrait croire qu'ils n'ont pas peur du loup, mais leur apparente quiétude masque au contraire une peur panique que seul le déni leur permet de faire taire. Peur de la mort, des mauvais traitements, de la déchéance sociale, de devenir clochard, de finir dans un hôpital psychiatrique, en prison... Pour échapper à la frayeur, ils ont accepté depuis le début de faire confiance à ceux qui les ont rassurés. Il y eut tout d'abord leurs parents, les adultes de leur entourage, les maîtres et maîtresses à l'école puis, à l'âge adulte, les journalistes, les présentateurs de journaux télévisés. Tout ce joli monde leur assure qu'il n'y a rien à craindre, que la démocratie est en marche, que tout est honnête, qu'ils vivent bien dans le monde libre, que ceux qui parlent de complots sont de pauvres gens atteints de paranoïa. Et comme nos petits cochons n'ont pas envie d'être effrayés par quelque information mal venue qui remettrait en question un si bel équilibre, ils préfèrent croire que les stars du petit écran, en qui ils ont placé leur confiance, sont bien informées et les préviendraient tout de suite si quelque chose de grave se tramait.
De plus, lorsque la peur devient panique, c'est le sauve-qui-peut qui l'emporte. L'individualisme, l'égocentrisme est alors exacerbé: « Pourvu que ce soit l'autre qui tombe, pas moi ». Voila le sentiment de chacun dans une foule paniquée. Pas question d'esprit chevaleresque, de solidarité, de compassion. L'individu qui vit sous l'emprise de la peur est comme un zèbre dont le troupeau est attaqué par les hyènes. Lorsque les prédateurs ont choisi leur proie, les autres zèbres s'en écartent, trop heureux d'avoir été épargnés. Les humains, dans une immense proportion, ne sont guère différents. C'est à mon avis cette caractéristique qui fait d'un peuple le terreau fertile où peuvent germer les courants extrémistes. Les communautarismes, l'intolérance, le racisme ne sont que des conséquences de la peur et de son corollaire immédiat : l'égoïsme. Cette peur qui est l'instrument manié par les gouvernements quels qu'ils soient pour asseoir leurs mesures anti-démocratiques permettant de contrôler les peuples, réduisant petit à petit les libertés tout en creusant, parallèlement, les inégalités. Le thème récurrent de l'insécurité, permettant à la droite de régner, en est une composante bien connue. Une autre composante aussi essentielle pour le pouvoir est le concept de guerre premanente développé par George Orwell dans « 1984 ». Ainsi, pas de trêve! Ceux qui avaient rêvé de paix après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide en sont pour leurs frais. Un nouvel ennemi, rapidement mis en scène par Hollywood13 a pris le relais des communistes : les terroristes islamistes et les états voyous qui les soutiennent. Cette pratique a deux avantages majeurs. Elle permet tout d'abord de trouver des subterfuges légitimant la violation de la souveraineté de nations non alliées (guerre, destabilisation de régime, ingérence, soutien d'une rébellion etc.). Elle permet ensuite de maintenir un degré minimal et constant de peur au sein de la population. Après l'angoisse de l'holocauste nucléaire, nous voici dans l'attente d'attentats terroristes aveugles, dont on nous assure qu'ils peuvent frapper partout, d'un choc de civilisations, d'une nucléarisation de pays dirigés par des fous (comme si ce n'était pas déjà le cas avec les États-Unis, la Russie, Israël, la France...).
Bref, l'état de guerre distille la peur et le sentiment patriotique qui amplifie cette peur. En effet, le patriotisme réduit toute pensée à un niveau primaire où règne un manichéisme de base : il y a nous et eux, ceux qui sont avec nous, et ceux qui sont contre nous. Ainsi, tout le monde se range hardiment derrière le chef, et toute critique envers le pouvoir est assimilée à une sympathie avec l'ennemi, donc émanant d'un traitre. En définitive, si l'ennemi est bien la première source de peur en temps de guerre, il est très vite relayé par ceux de son propre camp qui pratiquent allègrement l'assassinat de tous ceux qui, ne courant pas joyeusement à l'abattoir, sont considérés comme des traitres.
Dans le cas de la guerre froide ou de la guerre contre le terrorisme, on a affaire à des états de guerre latents. Les combats ont lieu dans des pays lointains, mais l'alerte est permanente. Le patriotisme n'atteint pas le même niveau et n'aboutit pas à l'exécution publique des traitres, mais il est suffisamment efficient pour permettre entre autres le vote de lois restreignant les libertés et en empêcher la critique médiatique. Il permet en tout cas de maintenir, en sourdine mais avec constance, un signal de peur dans l'esprit du citoyen.
Peur de l'ennemi sournois, de la délinquance, de la crise financière : les petits cochons joueurs ont besoin de plus en plus de divertissement! Heureusement, la télévision, en bon instrument du pouvoir financier, s'en est fait une spécialité. Les documentaires de Christophe Nick projetés récemment sur France 214 le montrent habilement. Dans « le temps de cerveau disponible », il analyse la dérive des médias qui produisent des jeux, des émissions, de télé-réalité ou pas, qui ne s'adressent pas à l'intellect de l'individu mais à son côté pulsionnel. Et la dérive concerne la surenchère que l'on observe dans la violation de la sphère de l'intime, dans l'impudique, dans le voyeurisme malsain et le triomphe de l'immoralité, de la médiocrité banale. Il est clair que la télévision – devenue l'éducateur numéro un des enfants du monde entier, passant avant l'école et même les parents – participe pleinement à l'évolution néfaste de cette jeunesse majoritairement en perte de repères, aculturée et de plus en plus violente. Je recommande de regarder ce documentaire avec attention, ainsi que l'émission « jusqu'où va la télé? » présentant le film « le jeu de la mort ». On assiste là à la reconstitution de l'expérience effectuée par Stanley Milgram, un scientifique américain, dans les années 60, transposée à l'univers d'un plateau de jeu télé. Bien que le film pointait du doigt la formidable puissance de la télévision sur l'esprit des êtres humains, on peut encore y lire le degré extrème de soumission des individus ordinaires : 100% des personnes retenues ont accepté un contrat prévoyant d'administrer en guise de punition des chocs électriques de force croissante à un second candidat (pour l'expérience, un acteur complice). Puis 9% ont arrêté après avoir atteint 19 degrés sur 27, soit après avoir administré à l'autre des décharges sensées aller jusqu'à 320 volts. Les 81% restant sont allés jusqu'au bout. Tous les sujets de l'expérience avaient conscience de la torture qu'ils infligeaient et se sentaient très mal à l'aise. Une force pourtant les poussait à rester, coincés par la situation et l'autorité qui les dominait et leur commandait de continuer. Ce qui est intéressant et qui, à mon sens, n'a pas été assez pris en compte dans l'analyse, c'est la participation active et volontaire du public.
Lors de l'émission, un débat suivait la projection du film et des avis et thèses diverses furent avancées par les différents intervenants. Chacun est invité à se forger son opinion. En ce qui me concerne, je pense que, outre une certaine lucidité et un esprit d'anticipation qui leur aurait permis de se rendre compte dans le bureau du producteur de la situation qu'ils allaient vivre, ce qui a fait défaut à ces personnes est le courage nécessaire pour s'en extraire.
Le courage était dans les sociétés tribales une vertu essentielle dont le jeune homme devait faire montre lors de son passage à l'âge adulte. Cette vertu était alors souvent partagée par les femmes. Mais notre société ne l'encourage pas. Il peut s'avérer que l'agressivité, l'audace voire le culot soient requis pour occuper certaines fonctions sociales. Mais pas le courage, car celui-ci peut conduire à la désobéissance ou à la révolte. Même les gens très haut placés doivent marcher dans les clous. Ceci explique que l'hypnose, pratique exigeant la soumission à l'autorité du sujet pour fonctionner, soit efficace sur une très forte proportion de la population. L'expérience de Milgram, induisant ce que les psychologues ont appelé ici l'état agentique, se rapproche assez de l'hypnose, du point de vue des mécanismes psychiques mis en œuvre.
Les résultats obtenus par Milgram puis par ses successeurs jusqu'à l'équipe de scientifiques réunis par Christophe Nick démontrent bien que la population est semblable à un troupeau d'animaux domestiques dressés à obéïr et dont l'intelligence ne sert qu'à trouver des subterfuges pour se dissimuler cet état de fait. Le film « le jeu de la mort » peut être assez inquiétant. Une philosophe en fait état dès le commencement du débat : on ne peut que penser au nazisme et à sa chaîne de déportation et d'élimination. Après avoir vu ce film, il parait évident qu'une telle horreur pourrait tout à fait se reproduire demain. On en perçoit très bien l'ombre dans l'atmosphère du plateau de télévision.
Cette télévision dont Alexandre Lacroix, un autre philosophe invité de l'émission15, a suggéré qu'elle faisait œuvre d'une telle nuisance “qu'il serait sain de ne pas en avoir chez soi”. Sa contribution, son rôle éminent dans l'axe du mal me fait penser à un passage de la révélation de Saint-Jean16:
« Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. »
J'ai toujours vu dans cette image animée la description de la télévision. Mais l'Apocalypse se poursuit et la bête et sa suite (tous les rois de la terre et leurs armées ) sont écrasées. Comme Pierre Hillard, je suis certain que l'axe du Mal ne pourra pas finalement triompher. Malgré sa puissance, malgré son élan, la rapacité de ses planificateurs et la docilité du troupeau. Il va certes provoquer le chaos et continuer son travail de destruction de l'humanité, du vivant. Mais la caste de l'oligarchie financière sera à mon avis rattrapée par la justice – pas celle des hommes, qui lui est subalterne...
Car son existence est cohérente dans un monde tissé pour constituer une épreuve. Mais sa victoire n'a aucun sens.
1. Sur son blog et sur les ondes grâce à la radio « ici et maintenant » où il produit une émission hebdomadaire sur l’apocalypse financière.
2. Que l’on peut voir sur Youtube en plusieurs parties (voici la première).
3. Voir le discours de Christine Lagarde, le 20 octobre 2008, à l’assemblée nationale.
4. On retrouve cette comparaison à la criminalité dans de nombreux articles des plus sérieux publiés sur internet, par exemple cet article paru le 4 octobre 2008 sur le site info-palestine.net. Pierre Jovanovic, quant à lui, utilise le terme de « banksters ».
5. À voir en premier, une conférence intitulée « La marche vers l’état mondial », disponible sur Dailymotion en 6 parties (1, 2, 3, 4, 5 & 6). On regardera également avec intérêt l’excellente émission de radio animée par Laurent (Ici & maintenant) consacrée à Pierre Hillard.
6. Diplômé d’HEC, ancien élève de l’ENA, inspecteur général des finances. Conseiller de Paris. Ancien porte-parole du RPF-IE. Président de l’Union Populaire Républicaine, il tient en outre une série de conférences sur l’Europe, sa gouvernance occulte et son influence sur les états qui la compose et bien sûr la France. La conférence dont je donne le lien, visible sur Dailymotion, est d’une piètre qualité vidéo, mais est très instructive et je la conseille vivement à tout esprit curieux.
7. interview sur la radio « ici et maintenant » (encore par Laurent) accessible sur le site de la radio.
8. La vidéo de la conférence de Pierre-Henri Gouyon est téléchargeable sur le site smartorrent, moyennant une simple inscription gratuite.
9. « Bienvenue à Gattaca » : excellent film d’Andrew Niccol avec Ethan Hawke et Uma Thurman, mettant en scène un monde régi par la génétique. À voir absolument.
« The Island » : film de Michael Bay sorti en 2005 et modélisant un institut où sont « cultivés » les clones des clients d’une société qui se propose de fournir les organes qui pourraient faire défaut au cours de notre vie, et garantir en ce cas un greffon parfait.
10.Ce film est visible sur Dailymotion en 6 parties (1, 2, 3, 4, 5 & 6).
11.Endgame est visible sur Google Video.
12.Lire la première partie de cet article.10.
13.Voir « couvre-feu » avec Bruce Willis (1998) et tous ces films sortis tout juste après la fin de la guerre froide où le bon espion américain déjoue un attentat inhumain et terriblement destructeur perpétré par des musulmans fanatiques.
14.Le premier, « le jeu de la mort », a été projeté lors de l'émission « jusqu'où va la télé », présentée par Christophe Hondelatte, visible sur Dailymotion.
Le second, « le temps de cerveau disponible », a fait l'objet d'un documentaire infrarouge le lendemain. Il a été posté par Tchelsoo sur ubest1.com.
15.Et rédacteur de « Philosophie Magazine ».
16.Apocalypse 13:15 - Apocalypsis signifie révélation en grec.