La question est posée sur dailymotion : « derrière l’affaire Clearstream, les frégates de Taïwan?1 »
L’affaire des frégates, on s’en souvient, est une histoire classique d’escroquerie à l’argent public français2 faisant intervenir en France les ministères de la défense et des finances, Thomson CSF (devenu Thalès) et divers intermédiaires endossant à grands frais la crasse des commanditaires de ces passations de marchés truquées, car donnant lieu à de mirifiques commissions et rétro-commissions3. Le nom de l’actuel président était ressorti lors de l’enquête judiciaire car celui-ci, alors ministre des finances, avait avalisé la création d’une société écran au Luxembourg (tiens donc…) servant au transfert de l’argent de commissions illégales4. Une enquête fut initiée, qui piétina longuement – côté français, car l’enquête côté Taïwanais fut rondement menée5 – freinée par le recours systématique des gouvernements successifs au secret-défense, pour finir par un non-lieu témoignant une fois encore de l’impunité des bandits puissants et de l’asservissement de la justice à leur égard.
Or, c’est sur le compost de l’affaire des frégates de Taïwan qu’a germé celle dite « Clearstream », où cette entité, présentée depuis comme une banque par les médias, apparait comme abritant des comptes destinés à recueillir de substantielles commissions. Cette affaire est tellement médiatisée qu’il est tout à fait inutile d’en rappeler les faits. Néanmoins, s’il a été établi que les listings transmis par Imad Lahoud ont été falsifiés, ils n’en sont pas moins avant cette falsification de vrais listings de comptes de cet organisme de compensation financière (clearing) qui s’avère être, outre son activité avouée, une véritable lessiveuse pour argent sale : Clearstream, originairement Cedel.
Ces listings, détenus par un journaliste maintenant célèbre : Denis Robert, font partie d’un pack de pièces à convictions qui mettent en évidence les crimes financiers de cette institution et corroborent les multiples témoignages en faisant état.
Il est vrai que le nom de Clearstream désignant l’affaire « Sarkozy Vs Villepin » est finalement impropre, même sous l’appellation « Clearstream 2 ». Il eût été plus correct de la nommer « Affaire des frégates 2 ». La question posée par Bakchich.tv n’est donc pas absurde, loin de là. Toutefois, ce nom, Clearstream, me suggère tellement l’enquête de Denis Robert, et le funeste sort qui s’est abattu sur lui du simple fait de la rendre publique, que j’ai décidé de lui consacrer cet article.
Denis robert6, journaliste et romancier, après 12 ans passés au journal « Libération », en sort pour mener sa propre vie. Très au fait du monde de la finance, il est approché par des personnes lui livrant des témoignages et des preuves de manipulations mafieuses au sein d’une des deux chambres de compensation européennes. Il fait son travail de journaliste, investiguant pour recouper les informations, interviewant les différents protagonistes, et après avoir creusé suffisamment, il publie un premier livre, « Révélation$ », en février 2001. Suit un film documentaire mettant les principaux points en images7.
Le problème, révélateur à mon sens de la réalité de nos démocraties, est la démesure de la réaction de Clearstream. Certes, l’affaire n’a pu être passée sous silence et a provoqué quelques remous dans un univers financier gêné : la matière du livre (preuves, témoins) est passée au crible par une mission parlementaire française, elle oblige à l’ouverture d’une information judiciaire au Luxembourg, et un fusible saute – le PDG de Clearstream est remercié. La réaction de Clearstream consiste alors en une avalanche de procès intentés à Denis Robert, partout où celui-ci s’exprime (presse, télévision, web etc.).
« 200 visites d’huissiers à son domicile, 30 procédures judiciaires en cours…8 »
Tous les témoins sont victimes d’intimidations, menaces, pressions, puis à leur tour, procédures, perquisitions. L’issue des procès est toujours favorable à Denis Robert (à part une inculpation prononcée à son encontre au Luxembourg sur un point de détail, affaire renvoyée en appel). La justice considère, à l’instar de la commission parlementaire présidée par Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, comme valides les preuves fournies par le journaliste.
On est bien là dans un cas d’étouffement, pratique courante des élites et dont on trouve de multiples exemples dans les livres de Sophie Coignard9. Le but évident de Clearstream, avec la complicité10 du gouvernement Luxembourgeois (qui concentre entre les mêmes mains les finances et la justice !), est de ruiner l’homme qui a osé les défier et d’ainsi faire un exemple. Tactique efficace si on considère le peu de bruit médiatique provoqué par cette atteinte aux droits du journalisme. Il est d’ailleurs ironique qu’un des avocats au service de Clearstream soit celui de Charlie Hebdo, qui ferrailla âprement pour la liberté de la presse lors de l’affaire des caricatures de Mahomet.
Pour résumer les révélations faites par Denis Robert, on peut dire qu’il a exhumé le système institutionnel par lequel l’argent sale disparait aux yeux des enquêteurs du monde entier. Cela se passe dans le prestigieux duché de Luxembourg qui, compte tenu de sa partialité coupable dans la suite des événements, ne peut plus prétendre avoir ignoré quoi que ce soit. On s’aperçoit dans le second film du journaliste11 que les hautes instances bancaires font corps avec Clearstream, ce qui n’est pas bien étonnant si l’on considère que la chambre de compensation est leur bébé.
Car la chambre de compensation est sensée n’être qu’un énorme ordinateur, un nœud dans le réseau informatique des banques du monde entier, et qui effectue à l’aide de logiciels pointus le différentiel des échanges interbancaires.
Ainsi, quand X fait un chèque à Y, la banque BX doit à la banque BY le montant de ce chèque. Mais Y va faire des achats avec sa carte bleue à Z, et donc BY devra le montant de ces achats à BZ. Quant à Z, il va dépenser de l’argent chez un autre client de BX etc.
Les banques n’effectuent pas ces transactions une à une. Elles ont un compte dans une chambre de Compensation (Clearstream ou Euroclean) qui traite une foule de données simultanées et effectue virtuellement les transferts entre banques.
Les irrégularités relevées par Denis Robert sont de deux ordres :
· Alors que seules les banques sont sensées avoir un compte chez Clearstream, il apparait que des sociétés se trouvent hébergées dans cette chambre de transferts virtuels d’argent. Cette information provient de listings authentiques de la firme remis au journaliste par un ancien cadre de Clearstream.
· Des manœuvres opérées grâce aux informaticiens travaillant pour cette société permettent d’effacer toute trace de certaines transactions. Information révélée par d’ex-informaticiens de Clearstream.
Ce que l’on apprend grâce à Denis Robert est la façon dont les flux d’argent monumentaux détournés par des hommes politiques se mêlent à l’argent de la mafia, du Vatican, des commissions occultes etc., et la façon dont tout cet argent sale se trouve effacé et transformé en argent versé miraculeusement sur des comptes dans des banques off-shore, après avoir été changé en actions, transité sur des comptes de sociétés écran etc.
Bref : le président Sarkozy, qui nous fait des discours pontifiants sur l’indécence et la fin programmée des paradis fiscaux, nous cache encore une fois, par ces effets de manches, sa totale adhésion à ce système dont le cerveau ne se trouve pas outre-mer, mais à quelques centaines de kilomètres de notre capitale. Sinon, pourquoi ne s’y attaque-t-il pas ? Et ne me dites pas que ce qu’a mis au jour Denis Robert n’est pas parvenu à son oreille…
Malgré l’étouffement en règle du journaliste, la firme n’a à mon sens pas réussi complètement sa manœuvre. Certes, tout le monde de la finance a compris le message, et sans nul doute, cette acharnement du pot de fer a dû réduire les fuites et témoignages à l’encontre du système.
Mais Denis Robert n’a pas été brisé. Il aurait sûrement préféré que les choses se passent autrement, toutefois un comité de soutien s’est constitué pour l’épauler, et son cas est devenu célèbre, non par les médias, je l’ai déjà souligné, mais par le tam-tam des simples citoyens, de plus en plus écœurés par les preuves répétées de la parodie de démocratie qui nous est jouée immuablement sur les scènes judiciaires, juridiques, médiatiques, politiques.
Ainsi, l’argent collecté par ce comité de soutien a permis de faire face à l’hémorragie financière provoquée par les procès à répétition12. J’imagine que son combat a dû accroître sa popularité et donc augmenter les ventes de ses œuvres littéraires. Donc, malgré la déclaration de son intention de jeter l’éponge « Clearstream »13 et de ne plus en parler (et par suite d’arrêter les procès intentés à son encontre), je pense que Denis Robert rebondira sans problème. D’ailleurs, le nouveau procès « Clearstream », s’il m’a ramené à lui, fait forcément ressortir au grand jour les révélations de Denis Robert et son chemin de croix14. Cette publicité involontaire rend naturellement service à la propagation de la vérité. Même si les personnes informées restent tout de même une minorité, l’information est disponible pour qui veut…
1. Par Bakchich.tv, qui a posé la question aux divers avocats rencontrés dans le palais de justice où se déroule l’actuel « procès Clearstream ».
2. Voir mon précédent article « résister au protectionnisme ».
3. On trouvera le déroulement complet de l’affaire sur Wikipédia. Voir aussi l’article consacré à ce sujet sur « le monde diplomatique.fr », ainsi que cet autre, du même journaliste, sur les morts suspectes de 3 protagonistes. On peut consulter également un article très bien documenté paru sur « bakchich.info » en deux parties (1 & 2), ou l’article de Louis Poirier commentant le livre d’Eva Joly, s’étendant allègrement sur le sujet.
4. Voir cet autre article paru sur « bakchich.info », et celui-ci contenant des copies de documents.
5. Voir cet article paru sur Agoravox.
6. Voir sa biographie sur Wikipédia.
7. « Les dissimulateurs », co-réalisé avec Pascal Lorent. Visible (en assez mauvaise qualité et abimé en certains endroits…) sur « le web2zéro.tv » en deux parties (1 & 2).
8. Voir le site de soutien à Denis Robert (on peut y acheter un super T-shirt ;).
9. « L'Omerta Française » avec Alexandre Wickham, Albin Michel - Les « Rapport Omerta » 2002, 2003,2004, Albin Michel et « La Vendetta Française », Albin Michel – Déjà cités dans mon article « l’effet d’annonce ».
10. Tout à fait évidente quand on visionne le second film de Denis Robert et Pascal Lorent « L’affaire Clearstream – racontée à un ouvrier de chez Daewoo », visible (quoique tronquée) sur Dailymotion en sept parties (1, 2, 3, 4, 5, 6 & 7).
11. Voir note 10.
12. On peut en voir le détail et le total sur le site de soutien (voir note 8).
13. Voir notamment l’article paru sur « rue 89 ».
14. Voir l’excellente interview de Denis Robert parue sur « Médiattitudes » et faisant un tour complet de toute l’affaire.
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