lundi 15 juin 2009

De la loi Hadopi

La loi Internet & Création -créant la commission de contrôle Hadopi- est responsable de beaucoup d'agitation depuis sa présentation le 23 novembre 2007 par Denis Oliviennes, mandaté par la ministre de la culture Christine Albanel1.
L’aspect qui a retenu l’attention, sans doute car le seul présenté dans les médias, est l’aspect de la riposte graduée sensée s’abattre sur les internautes téléchargeant des contenus protégés.
C’est également cet aspect qui a rebuté le conseil constitutionnel. Car la Hadopi (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet) est une autorité indépendante, n’ayant aucune légitimité judiciaire ou juridique, ne dépendant que du pouvoir exécutif, ne rendant des comptes qu’aux ministères concernés, et donc, par suite, qu’au président de notre belle tyranocratie.
Mais d’autres aspects sont passés inaperçus du grand public, et ce sont ces parties immergées qui me semblent vraiment menaçantes, non pas pour les prétendus pirates, qui ne font guère plus que dupliquer de la musique et des films, ce qui se faisait tout autant avec les cassettes audio et les magnétoscopes VHS, non : la véritable menace concerne tous les citoyens.
En effet, les mesures préconisées par cette loi induisent une coercition insoutenable, obligeant les internautes à payer et installer sur leur disque dur un logiciel-espion censé prouver leur innocence en cas d’accusation par une société de diffusion artistique, grâce à la connexion de ce mouchard avec la Hadopi2.
De plus, le gouvernement ne se cache pas d’une volonté de pénétration toujours accrue – et allant à l’encontre de toute légalité – de nos ordinateurs, au besoin en installant sans contrôle judiciaire, des mouchards à notre insu – trojans ou chevaux de Troie –, une technique de vrais pirates, cette fois3!
Bien évidemment, les motifs affichés lors des passages en force de ces lois par ce que l’on a appelé les députés-godillots4 sont inattaquables : Pédopornographie (Loppsi), protection du droit d’auteur (Dadvsi, Hadopi). Or de nombreuses analyses démontrent l’inefficacité de ces dispositifs, voire même leur contre-productivité. Ces analyses, disponibles sur internet et dans certains magazines ultra-spécialisés, sont comme par hasard très peu relayées dans les grands médias, et notamment la télévision. Ainsi, les justifications de ces lois, évidentes pour le peuple, pousse la majorité peu – et donc mal – informée à défendre en bloc, ou tout au moins à accepter, les mesures préconisées par ceux qui savent.
Cette technique fine, impossible à réaliser – je le répète – sans le concours inconditionnel des médias, permet d’implanter lentement mais sûrement un totalitarisme grandissant, utilisant à ses fins les nouvelles technologies et leur caractère incontournable dans notre société.
Malgré le rejet du conseil constitutionnel, la loi dite Hadopi a été promulguée en hate par le président de la république et publiée au journal officiel. Désormais "loi n°2009-669 du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet", on y a mis entre parenthèses les dispositions censurées par le CC.
Certains crient déjà victoire en constatant l’inutilité de ce texte de loi sans force de frappe.
Mais cette loi promulguée n’attend plus que les amendements qui permettront de contourner la censure des sages5. L’acharnement du gouvernement dans cette affaire – entre autres – nous montre bien, en cette période de grave crise, que sa préoccupation première est le contrôle de la population, le fichage de tout un chacun – c’est en tout cas le chemin direct larvé dans la continuité d’Hadopi, Loppsi…
Les articles comme celui-ci sont nombreux sur le net, témoins de l’inquiétude d’une intelligentsia qui ne restera toujours que très largement minoritaire en face de l’imposant troupeau qui a porté au pouvoir ces tyrans déguisés, élus sur de fausses promesses, avec des discours fallacieux, et qui savent le conduire de main de maître, de l’étable aux champs, aux pâturages, et jusqu’aux abattoirs…


1. Voir la page consacrée à ce sujet sur Wikipedia (textes à prendre avec précaution: pouvant être partisans...)
2. voir cet article publié sur Agoravox. On peut consulter d’ailleurs tous les articles publiés par ce rédacteur pour une bonne compréhension du sujet.
3. Voir cet article publié sur Le Monde.fr
4. qui votent uniquement sur consignes du sommet, et non pas selon leur libre-arbitre, soucieux de la représentation populaire dont ils ont le mandat.
5. voir cet article publié sur Numerama.




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